L’art pour tous ? Non merci.
On entend souvent cette formule : « L’art pour tous. »
Elle semble pleine de bonnes intentions. Elle sonne généreuse, démocratique, ouverte.
Et pourtant, chaque fois que je l’entends, elle me met mal à l’aise.
Parce que sous cette apparente bienveillance, je ressens une injonction. Une réduction. Une trahison.
On ne dit jamais : « Une Ferrari pour tous », ou « Un vin de garde pour tous ».
Alors pourquoi faudrait-il que l’art, lui, se rende universellement accessible, au risque d’en perdre sa complexité, sa profondeur, son exigence ?
Ce que cache cette formule
« L’art pour tous », c’est une injonction à être aimable, clair, agréable.
C’est l’idée qu’un artiste devrait produire des œuvres immédiatement lisibles, sans zones d’ombre, sans ambiguïté, sans exigence.
Mais l’art n’est pas un produit culturel standard.
L’art, le vrai, interroge. Dérange. Il peut être silencieux, rugueux, inconfortable.
Il demande du temps, de l’attention, parfois même du recul.
Or aujourd’hui, « pour tous » signifie souvent « rapide, plaisant, décoratif ».
Et moi, je ne peins pas pour tous.
Je refuse d’être un artiste low-cost
Dans cette logique de “l’art pour tous”, on attend parfois de l’artiste qu’il offre. Qu’il expose gratuitement. Qu’il « partage sa passion ».
Comme si la passion suffisait à nourrir une vie.
On applaudit le “génie pauvre”, on élabore des stratégies promotionnelles, on vend des linéaires de murs… pour une expo, comme des abonnements de visibilité.
Pourquoi cette image persistante de l’artiste sacrificiel, généreux jusqu’à l’épuisement ?
Pourquoi cette idée que l’art devrait se donner — mais jamais se vendre au juste prix ?
Je ne suis pas là pour sacrifier ce que je crée sur l’autel de la “visibilité”.
Je suis là pour dire quelque chose de vrai. Et cela a une valeur.
L’art n’a pas à être pour tous. Il peut être pour chacun.
Je crois à la rencontre.
Je crois qu’une œuvre peut bouleverser une personne. La toucher. L’accompagner longtemps.
Mais cela demande une réceptivité. Une disponibilité. Une forme d’écoute.
Je ne cherche pas à rassembler des foules.
Je cherche à créer une tension entre ce que je peins et le regard de celui ou celle qui s’arrête.
Et si ce regard est rare, tant mieux. Cela prouve que l’œuvre reste libre.
Une peinture, ce n’est pas une appli
L’époque voudrait que tout soit fluide, ergonomique, engageant.
Mais une toile ne répond pas à un algorithme UX.
Elle n’a pas à “convertir” un visiteur en acheteur. Elle a à exister. À vibrer. À résister parfois.
Je ne peins pas pour “tout le monde”.
Je peins pour celles et ceux qui cherchent autre chose qu’un objet décoratif.
Je peins pour ceux qui acceptent de se laisser déranger.
Je préfère une peinture exigeante à un art plat
Il y a des œuvres qu’on ne comprend pas tout de suite.
Des silences picturaux. Des ellipses. Des tensions.
Et souvent, ce sont celles-là qui restent. Qui laissent une trace.
Celles qui ne caressent pas dans le sens du poil.
Celles qui nous obligent à penser, à ressentir autrement.
C’est cette peinture-là que je veux faire. Celle qui ne se donne pas toute entière. Celle qui résiste un peu.
“La cour des rats-le croquis” à découvrir dans les oeuvres papier
Conclusion : je veux peindre libre
Je ne veux pas faire de compromis.
Je veux que mes toiles aient leur propre rythme. Leur propre exigence.
Je veux qu’elles parlent à ceux qui sont prêts à les entendre, même partiellement, même plus tard.
L’art ne devrait pas être pour tous.
Il devrait être libre, sincère, incarné.
Et peut-être, alors, il touchera quelqu’un. Pas tout le monde. Mais quelqu’un. Et ce sera déjà immense.
Questions fréquentes
-
Parce qu’elle est trop souvent utilisée pour dévaloriser le travail des artistes, exiger des œuvres faciles, ou rendre l’art “consommable”. L’art n’est pas une offre de service.
-
Elle ne l’est pas par posture. Mais elle est exigeante. Elle demande du regard, de l’écoute, de la présence. Ce n’est pas de l’élitisme, c’est du respect pour le spectateur.
-
Oui. Mes œuvres originales sont visibles sur mon site, avec une démarche claire, des textes, et la possibilité de faire une offre.