Artiste cherche boussole
Il y a des jours où l’on sait. Et des jours où l’on doute.
Des jours où l’on avance droit, porté par une énergie mystérieuse, et d’autres où chaque geste semble hésitant.
Ce texte, je l’écris pour ceux qui avancent sans carte. Pour ceux qui continuent malgré tout. Pour ceux qui, comme moi, cherchent sans toujours savoir où ils vont.
Ni plan de carrière, ni direction fixe
Je n’ai jamais eu de plan.
Pas de feuille de route artistique. Pas d’objectif stratégique.
Je peins comme on écrit un journal secret. Par nécessité.
Je laisse les toiles me traverser. Certaines me guident. D’autres me perdent.
Mais toutes font partie de ce chemin incertain que j’appelle ma pratique.
Ce n’est pas une posture. Ce n’est pas un mythe de l’artiste maudit.
C’est une réalité quotidienne : chercher. Essayer. Se tromper. Recommencer.
Chemin faisant, j’ai appris à marcher sans GPS
Ma série « Chemin faisant, les grolles » n’est pas née d’un concept. Elle est née de mes pas.
De chaussures croisées. De territoires traversés.
De cette idée qu’on avance toujours avec ce qu’on est, même quand on ne sait plus très bien pourquoi.
C’est une série modeste. À hauteur de sol. Mais profondément incarnée.
Une façon de dire : je ne sais pas où je vais, mais je suis en route.
Et si mes toiles ressemblent parfois à des balises, c’est qu’elles tiennent lieu de repères, de cailloux blancs dans la forêt.
Les grands discours me fatiguent. Les petits signes me guident.
On me demande parfois d’expliquer. De formuler ma démarche. De donner des clés de lecture.
Mais ma boussole est intérieure. Silencieuse.
Elle tient parfois dans une couleur qui me résiste.
Dans un regard croisé. Dans un livre abandonné sur une chaise.
Je ne suis pas un théoricien. Je suis un homme qui regarde, qui dessine, qui traduit.
Ma peinture ne revendique rien.
Elle cherche à dire ce que je ne comprends pas encore.
Et c’est dans cette tension-là qu’elle devient vivante.
Il faut du courage pour ne pas savoir
Dans une époque où tout doit être justifié, positionné, légitimé, il faut une forme de courage pour assumer l’incertitude.
Pour dire : je cherche.
Pour dire : je ne suis pas sûr.
Pour dire : je fais quand même.
Je crois que beaucoup d’artistes partagent ce sentiment.
Mais peu l’avouent, tant la pression d’être cohérent, clair, efficace, est forte.
Moi, je revendique le flou. L’inachevé. Le fragmentaire.
Parce que c’est précisément là que quelque chose s’ouvre.
Ce que je veux, ce n’est pas une direction, c’est une vérité
Je ne cherche pas à aller quelque part. Je cherche à rester fidèle à une vibration.
À cette tension entre ce que je vois, ce que je ressens, et ce que j’arrive à traduire.
Et cette fidélité-là vaut toutes les boussoles.
Quand une toile me dit : “Là, tu es juste”, je sais que je suis arrivé.
Même si c’est un instant. Même si je repars aussitôt dans l’incertitude.
Cet instant-là est mon nord.
Conclusion : je suis en route. Et ce n’est pas rien.
Je ne sais pas si je suis sur le bon chemin.
Mais je sais que je marche.
Avec mes doutes. Mes retours en arrière. Mes toiles raturées.
Je sais que parfois, quelqu’un s’arrête devant une œuvre et me dit :
“Je ne comprends pas tout, mais ça me parle.”
Et là, je n’ai plus besoin de carte.
Questions fréquentes
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Parce qu’il traduit une posture d’humilité et de recherche. Je ne me positionne pas comme un artiste sûr de lui, mais comme quelqu’un qui explore, qui avance dans le brouillard… chemin faisant
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Oui, indirectement. Elle est nourrie de mon expérience, de mes paysages, de mes émotions. Mais elle laisse toujours la place à celui qui regarde d’y projeter sa propre histoire.
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Oui. Elles sont disponibles sur mon site, dans la section dédiée à cette série.