Pourquoi la peinture figurative n’est pas morte (et emmerde les tendances)
On l’a enterrée mille fois. Déclarée dépassée. Trop académique. Trop humaine. Trop bavarde.
Mais la peinture figurative est toujours là. Elle traverse les époques, les modes, les courants conceptuels. Elle dérange parfois. Elle attendrit souvent. Et surtout, elle continue de dire ce que les autres formes peinent à incarner : un visage, un silence, une faille.
Je peins des corps. Des attitudes. Des instants. Je ne fais pas du réalisme, je fais de la présence. Et si cela me range parmi les artistes "hors des tendances", alors tant mieux.
Ce que je cherche n’est pas la mode, c’est la vibration
L’air du temps aime ce qui est ironique, distancié, théorique. Moi, je peins le contraire : une fille assise, un couple qui marche, une ombre derrière une fenêtre. Pas des icônes. Pas des concepts. Des fragments d’humanité.
Je ne suis pas nostalgique. Mais je suis exigeant. Je veux que ma peinture contienne une charge humaine. Une histoire. Une tension qui se devine dans un épaule baissée ou une jambe pliée.
Quand on regarde une figure, on cherche son mystère. Ce qu’elle tait. Ce qu’elle suggère.
C’est peut-être ça, aujourd’hui, le vrai luxe : peindre quelque chose d’humain, sans détour.
La figure ne ment pas
Le corps parle. Même immobile. Il exprime des choses qu’aucun discours ne peut formuler.
Une pose en dit long sur l’époque. Une attitude raconte une vie. Un regard, s’il est juste, peut nous faire taire.
Je peins des personnages en suspens. Je les regarde vivre sur la toile.
Parfois, ils me résistent. Parfois, ils m’échappent.
Mais ce moment-là – quand la figure semble respirer – justifie toutes les heures passées à douter.
Le figuratif dérange les machines
Aujourd’hui, on peut générer une image en quelques secondes. Des visages, des corps, des effets de lumière parfaits. Mais ce n’est pas de la peinture. C’est de la simulation.
Le figuratif, le vrai, est lent. Il est faillible. Il tremble. Il assume ses erreurs.
Et c’est dans ces imperfections qu’il devient vivant.
On a oublié à quel point peindre un corps, c’est politique.
À quel point représenter un être – dans sa fragilité, sa sensualité, sa solitude – est un acte de résistance.
Contre l’uniformité. Contre l’abstraction froide. Contre l’effacement du réel.
Ce que je refuse : l’effet pour l’effet
Il y a des œuvres qui attirent le regard immédiatement. Parce qu’elles sont brillantes, grandes, colorées.
Mais dix secondes plus tard, on les a déjà oubliées.
Elles ne laissent pas de trace. Elles ne touchent rien.
Je préfère une peinture qu’on met du temps à regarder. Qui gêne. Qui interroge.
Je préfère qu’on s’arrête longuement devant une toile silencieuse que l’on emporte avec soi, en soi, sans pouvoir l’expliquer.
La figure, quand elle est juste, ne s’impose pas.
Elle habite.
La peinture figurative a encore tant à dire
Elle peut dénoncer. Elle peut caresser. Elle peut faire mémoire. Elle peut guérir.
Elle n’est pas dépassée. Elle est simplement exigeante.
Elle demande du temps. De l’attention. Du regard.
Et c’est peut-être pour cela qu’on la dit morte : parce qu’elle ne se donne pas tout de suite.
Mais pour ceux qui savent regarder, elle est plus vivante que ja
mais.
Conclusion : je peins encore des visages, et encore…
Je peins des filles qui rêvent, des hommes debout, des couples qui marchent dans la lumière.
Je peins le silence d’un matin ou la fatigue d’un soir.
Je peins la vie ordinaire, mais avec les yeux ouverts.
Et tant pis si ça n’entre pas dans les cases.
Tant mieux, même.
Car ce que je cherche ne passe pas par un algorithme.
Ce que je cherche, c’est la vibration d’un être dans un espace.
Et ça, aucune tendance ne peut l’éteindre.
Questions fréquentes
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Parce que la figure humaine porte une charge émotionnelle et politique inépuisable. Elle permet de dire l’intime, le corps, l’époque, la fragilité.
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Non. C’est une autre manière de faire de l’art contemporain : en partant du réel, du vivant, sans l’effacer ni l’idéaliser.
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Oui. Elles sont visibles sur la page « Les toiles » ou « galeries » , accompagnées de textes, de formats et de prix.
Découvrir et lire l’article : La toile ne ment pas.