Pourquoi la peinture figurative n’est pas morte (et emmerde les tendances)

On l’a enterrée mille fois. Déclarée dépassée. Trop académique. Trop humaine. Trop bavarde.
Mais la peinture figurative est toujours là. Elle traverse les époques, les modes, les courants conceptuels. Elle dérange parfois. Elle attendrit souvent. Et surtout, elle continue de dire ce que les autres formes peinent à incarner : un visage, un silence, une faille.

Je peins des corps. Des attitudes. Des instants. Je ne fais pas du réalisme, je fais de la présence. Et si cela me range parmi les artistes "hors des tendances", alors tant mieux.

 
Peinture figurative contemporaine – Alain Rouschmeyer

“Ancrage” une oeuvre figurative dans une série de trois toiles

 



Ce que je cherche n’est pas la mode, c’est la vibration

L’air du temps aime ce qui est ironique, distancié, théorique. Moi, je peins le contraire : une fille assise, un couple qui marche, une ombre derrière une fenêtre. Pas des icônes. Pas des concepts. Des fragments d’humanité.

Je ne suis pas nostalgique. Mais je suis exigeant. Je veux que ma peinture contienne une charge humaine. Une histoire. Une tension qui se devine dans un épaule baissée ou une jambe pliée.

Quand on regarde une figure, on cherche son mystère. Ce qu’elle tait. Ce qu’elle suggère.
C’est peut-être ça, aujourd’hui, le vrai luxe : peindre quelque chose d’humain, sans détour.



La figure ne ment pas

Le corps parle. Même immobile. Il exprime des choses qu’aucun discours ne peut formuler.
Une pose en dit long sur l’époque. Une attitude raconte une vie. Un regard, s’il est juste, peut nous faire taire.

Je peins des personnages en suspens. Je les regarde vivre sur la toile.
Parfois, ils me résistent. Parfois, ils m’échappent.
Mais ce moment-là – quand la figure semble respirer – justifie toutes les heures passées à douter.



Le figuratif dérange les machines

Aujourd’hui, on peut générer une image en quelques secondes. Des visages, des corps, des effets de lumière parfaits. Mais ce n’est pas de la peinture. C’est de la simulation.

Le figuratif, le vrai, est lent. Il est faillible. Il tremble. Il assume ses erreurs.
Et c’est dans ces imperfections qu’il devient vivant.

On a oublié à quel point peindre un corps, c’est politique.
À quel point représenter un être – dans sa fragilité, sa sensualité, sa solitude – est un acte de résistance.
Contre l’uniformité. Contre l’abstraction froide. Contre l’effacement du réel.



Ce que je refuse : l’effet pour l’effet

Il y a des œuvres qui attirent le regard immédiatement. Parce qu’elles sont brillantes, grandes, colorées.
Mais dix secondes plus tard, on les a déjà oubliées.
Elles ne laissent pas de trace. Elles ne touchent rien.

Je préfère une peinture qu’on met du temps à regarder. Qui gêne. Qui interroge.
Je préfère qu’on s’arrête longuement devant une toile silencieuse que l’on emporte avec soi, en soi, sans pouvoir l’expliquer.

La figure, quand elle est juste, ne s’impose pas.
Elle habite.



La peinture figurative a encore tant à dire

Elle peut dénoncer. Elle peut caresser. Elle peut faire mémoire. Elle peut guérir.
Elle n’est pas dépassée. Elle est simplement exigeante.

Elle demande du temps. De l’attention. Du regard.
Et c’est peut-être pour cela qu’on la dit morte : parce qu’elle ne se donne pas tout de suite.

Mais pour ceux qui savent regarder, elle est plus vivante que ja

mais.

Peinture figurative contemporaine – Alain Rouschmeyer

“LA FILLE EN BLEU” - une oeuvre figurative contemporaine réalisée d’après croquis in situ

le croquis préalable de l'oeuvre "La fille en bleu" de Alain Rouschmeyer

“LA FILLE EN BLEU” - le croquis




Conclusion : je peins encore des visages, et encore…

Je peins des filles qui rêvent, des hommes debout, des couples qui marchent dans la lumière.
Je peins le silence d’un matin ou la fatigue d’un soir.
Je peins la vie ordinaire, mais avec les yeux ouverts.

Et tant pis si ça n’entre pas dans les cases.
Tant mieux, même.
Car ce que je cherche ne passe pas par un algorithme.
Ce que je cherche, c’est la vibration d’un être dans un espace.
Et ça, aucune tendance ne peut l’éteindre.




 
Détail narratif et symbolique dans une œuvre figurative – série Chemin faisant - Alain Rouschmeyer

“Chemin faisant, ses grolles 5” - le figuratif peut aussi être suggérée par le mouvement, l’absence ou la trace.

 




Questions fréquentes

  • Parce que la figure humaine porte une charge émotionnelle et politique inépuisable. Elle permet de dire l’intime, le corps, l’époque, la fragilité.

  • Non. C’est une autre manière de faire de l’art contemporain : en partant du réel, du vivant, sans l’effacer ni l’idéaliser.

  • Oui. Elles sont visibles sur la page « Les toiles » ou « galeries » , accompagnées de textes, de formats et de prix.

 

Découvrir et lire l’article : La toile ne ment pas.

 
Alain Rouschmeyer

Alain Rouschmeyer est surtout connu pour ses peintures acryliques sur toile moyen format et ses dessins contemporains à l’encre. Observateur du quotidien, il analyse la balade humaine à travers les postures et les espaces traversés, comme pour sonder le banal et en capturer le parfum. Son itinéraire artistique l’invite à travailler l’architecture dans laquelle il aime porter la réflexion sur les espaces de vie et les transversalités qui en définissent les usages. Comme un poète analyste, le travail d’Alain Rouschmeyer navigue entre réalité et intimité laissant apparaitre l’attachement et le détachement au gré d’une volonté consciente. Il explore la dimension cachée d’un quotidien qui ne cesse de nous interpeller comme une musique de jazz ou un blues chaleureux. Le romantisme dont il assume intégralement la traduction contemporaine et intemporelle habite le support comme un espace impliqué.

https://www.alainrouschmeyer.art
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La toile ne ment pas : pourquoi je peins pour dire ce que je ne peux pas taire