Un ressenti qui fait date…

Depuis ce jour j'ai reçu trois informations intitulées

"La menace sur le tableau de Delacroix"

et j'avoue que la quatrième information en provenance de la Maison des Artistes m'a poussé à adresser un courrier directement à Rémy Aron, président de la Maison des Artistes.

Le courrier reçu s'intitule "Appel aux Artistes pour un moratoire immédiat"...

Mon ressenti de longue date sur le patrimoine m'a dicté le courrier que je vous livre ici.

J'ignore vos réactions à la lecture de mon texte, mais c'est une posture qui me tient à coeur en tant qu'architecte spécialisé en rénovation et en artiste au bagage académique.

"Bonjour Remy,

J’avais à première lecture l’envie de ne pas me mêler d’une information qui en finalité soulève chez moi bien d’autres ressentis.

Le patrimoine… ce mot chargé d’une valeur si phénoménal qu’il en devient parfois inhumain. ( c’est un peu le cas puisqu’on respecte plus une vieille pierre qu’une personne agée)

Juste pour dire que le patrimoine artistique, architectural, social à sa propre existence et qu’il me semble totalement abusif d’être en permanence sous le contrôle de l’exagération.

Pour ma part chaque élément matériel ou immatériel dispose d’une existence (naissance, vie et déclin) y compris les accidents de vie (incendie, inondations, vols, dégradations, etc…)

Et l’humain compris en est le premier a en faire partie. Je dis l’HUMAIN , l’homme ou la femme  qui nait et qui n’a pas le même parcours que son voisin. L’un va vivre sans la moindre opération, l’autre aura un tibia en titane à 40 ans.

Tout cela pour dire je préfèrerais qu’on annoblisse nos vies respectives d’artistes vivants… bien évidement j’ai un profond respect des oeuvres ou monuments qui ont traversé l’histoire.

Mais faut-il à ce point se noyer de chagrin pour une toile de Delacroix qui va subir une restauration plus ou moins qualitative ? Je me sens plus attristé de savoir que Van Gogh a vendu une seule toile de son vivant alors qu’aujourd’hui

ses œuvres font l’objet d’inflation.

Il me semblerait plus profondément judicieux de combattre cette image de «  l’artiste maudit » qu’on peut brader sur toutes les places publics et en s’écriant « L’art pour tous »

J’ai aujourd’hui juste un simple espoir quand je lis qu’en Belgique les artistes professionnels vont pouvoir prétendre à une ressource si leurs revenus sont faibles car ce pays a su qualifier la présence de leurs artistes vivants.

N’oublions pas que le patrimoine se compose de votre oeuvre et de la mienne d’hier…. Alors ne nous laissons pas submergés et travaillons à ce que nos travaux de vivants réconfortent nos contemporains.

Vous l’aurez compris, le patrimoine au travers de ma vision d’artiste et peut être encore plus d’architecte a une fâcheuse tendance à m’interpeler sur le bon sens. Je ne m’aventurerais pas sur le sujet de la restauration de Notre Dame à Paris.

Mon éducation artistique débutée à l’Ecole de Strasbourg il y a de nombreuses années m’a permis avec délectation de suivre des cours classés académiques, mais pour autant je ne peux pas créer un culte du patrimoine.

Ma compétence dans le domaine de la restauration de tableau n’est pas suffisamment experte pour me dire que le combat sur cette restauration en soit justifié.

Je ne pouvais pas résister à l’appel du mail de la Maison des Artistes à vous exprimer mon ressenti global.

Belle fin de journée à vous

Bien cordialement

Alain Rouschmeyer"

Pour ma part, la posture d’une Maison des Artistes n’est pas d’être le maitre d’oeuvre ou le critique d’une restauration (dont les contraintes et les compétences sont d’un autre ressort) mais d’être à l’écoute et vigilant des artistes vivants qui la compose.

Je ne vous livre pas ici la réponse reçue, pour des raisons de confidentialité et que je juge la réponse si peu argumentée qu’elle m’apparait sans intérêt et sans lien avec mon propos.

Je vous invite à laisser un commentaire si ce sujet vous inspire.

Alain Rouschmeyer

Alain Rouschmeyer est surtout connu pour ses peintures acryliques sur toile moyen format et ses dessins contemporains à l’encre. Observateur du quotidien, il analyse la balade humaine à travers les postures et les espaces traversés, comme pour sonder le banal et en capturer le parfum. Son itinéraire artistique l’invite à travailler l’architecture dans laquelle il aime porter la réflexion sur les espaces de vie et les transversalités qui en définissent les usages. Comme un poète analyste, le travail d’Alain Rouschmeyer navigue entre réalité et intimité laissant apparaitre l’attachement et le détachement au gré d’une volonté consciente. Il explore la dimension cachée d’un quotidien qui ne cesse de nous interpeller comme une musique de jazz ou un blues chaleureux. Le romantisme dont il assume intégralement la traduction contemporaine et intemporelle habite le support comme un espace impliqué.

https://www.alainrouschmeyer.art
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