L’IA peint-elle ? Pas encore.
Il faut bien le reconnaître : certaines images générées par intelligence artificielle sont bluffantes.
Précises, belles, soignées. Elles peuvent évoquer la peinture classique, la photographie contemporaine, les rêves les plus fous.
Mais malgré tout cela, je ne me sens pas menacé. Parce que je sais ce qu’il y a dans une toile : du doute, du corps, du silence. Et ça, l’IA ne connaît pas.
Je vais le dire simplement : l’IA ne peint pas. Elle produit. Elle compile. Elle imite. Mais elle ne vit rien.
Des images sans corps
La machine ne fatigue pas.
Elle ne transpire pas. Elle ne pose pas son pinceau avec hésitation.
Elle ne recommence pas cent fois un fond trop chargé. Elle n’efface pas une main tremblante.
Elle ne se souvient pas.
Elle génère. Rapidement. Brillamment.
Mais sans chair.
Ses images n’ont pas de mémoire. Pas d’histoire. Pas d’ancrage dans une expérience vécue.
Moi, je peins avec ce que j’ai traversé. Avec ce que j’ai aimé, perdu, observé.
Chaque toile porte un fragment de moi. L’IA, elle, ne laisse rien d’elle dans ce qu’elle fabrique.
Une beauté suspecte
Les images d’IA sont souvent parfaites.
Une lumière irréprochable. Des proportions idéales. Une profondeur calculée.
Mais cette perfection me met mal à l’aise.
Parce qu’elle est vide.
Un visage généré peut être splendide. Mais il n’a jamais vu la lumière.
Une scène peut sembler poignante. Mais elle n’a jamais été vécue.
Je préfère un visage peint maladroitement, mais qui me regarde vraiment.
Je préfère une peinture qui tremble, qui lutte, qui respire.
L’IA est une charmeuse. Mais elle ment.
C’est peut-être là que réside le cœur du problème.
L’IA veut plaire. Elle devine nos désirs et les surproduit.
Elle nous renvoie ce qu’on espérait, en mieux. En plus beau. En plus séduisant.
Mais ce n’est pas une vérité.
C’est une flatterie.
Comme une fille trop belle qui vous dit exactement ce que vous avez envie d’entendre, sans jamais se montrer vulnérable.
Je ne veux pas être charmé.
Je veux être touché.
Et pour cela, il faut de la faille. De la lenteur. De l’incarnation.
Ce que l’IA ne connaît pas : le doute
Peindre, ce n’est pas produire une image.
C’est s’y confronter.
C’est y mettre quelque chose de soi, sans être certain que cela tiendra debout.
C’est chercher. Se perdre. Recommencer.
L’IA, elle, va vite. Elle ne doute jamais.
Elle ne connaît pas l’attente. Ni l’erreur. Ni la reprise.
Moi, je veux une peinture qui porte cette incertitude.
Je veux une toile qui dit : “Je ne suis pas sûr, mais je suis là.”
Peindre, c’est exister dans le geste
Il y a dans le moindre coup de pinceau une densité invisible.
Un état d’âme. Une tension musculaire. Un rythme intérieur.
Même quand je peins une figure simple, un geste, une chaussure abandonnée, je sais ce que j’y ai mis : un moment précis de mon être.
L’IA, elle, n’a pas d’être.
Elle simule. Elle mime. Mais elle n’incarne rien.
Et c’est cela, au fond, qui la sépare encore radicalement de la peinture.
Conclusion : je préfère une toile ratée, mais humaine
Je n’ai pas peur de l’IA.
Je l’observe, je l’expérimente parfois par curiosité.
Mais je n’y vois pas une rivale.
Parce qu’elle ne peut pas me voler ce qui fait le cœur de mon travail : le vivant.
Je préfère mille fois une toile imparfaite, peinte avec sincérité, qu’une image impeccable née d’un prompt.
L’art, ce n’est pas ce qui est bien fait.
C’est ce qui nous fait sentir quelque chose.
Et cela, jusqu’à preuve du contraire, ne s’apprend pas dans un modèle de langage.
Questions fréquentes
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Certaines sont impressionnantes techniquement. Mais elles manquent de corps, de doute, de vécu. Elles sont trop lisses pour me toucher vraiment.
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Non. J’expérimente parfois pour comprendre les mécanismes, mais ma peinture reste ancrée dans l’expérience humaine et matérielle.
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Oui, mes toiles sont visibles sur mon site, accompagnées de textes et d’une démarche personnelle.