Empreintes

Mon travail d’artiste s’articule sur le style figuratif et de ce fait renvoie souvent sur une démarche d’esquisse,  de croquis,  de travail préparatoire ou d’ébauche comme dirait certains. Cette étape permet à la fois de s’imprégner d’une idée ou d’une scène vécue pour l’enrichir et lui apporter une dimension singulière au travers du cadrage,  de son support ou de l’émotion qu’elle génère. 

Depuis peu, l’orientation de mon travail prend en compte la dimension anecdotique du désordre,  celui qui crée à sa manière des tâches quotidiennes supplémentaires et qui sournoisement a pris place dans nos vies d’une manière récurrente sans pour autant apparaitre comme une évidence à éliminer. 

La recherche constante d’un confort et d’une sécurité accrue a pris un tel essor que certains désordres ne sont même plus perçus comme tels et sont devenus des taches répétitives avec une acceptation et un sens dilué. Le seau devient dans mon travail le lien… l’outil… le vecteur inclassable d’un désordre entretenu. 

Autrefois en bois cerclé de métal,  le seau est aujourd’hui en tôle zinguée ou en plastique,  mais sa fonction première a toujours conservé le rôle de véhiculer une matière ou d’apporter la possibilité de déplacer des éléments en rapport avec sa contenance pour faciliter une action. 

Si je me réfère à l’époque du moyen-âge le seau en bois était le lien parfait qui glissait de mains en mains pour aller déverser l’eau sur une bâtisse en flammes,  revenait vide pour reprendre son itinéraire une fois rempli,  avec une régularité qui frôlait l’efficacité. 

Il est difficile de déterminer si de nos jours une telle mise en pratique comporterait la même régularité et la même objectivité,  le seau qui aurait gagné en poids s’appauvrirait d’itinéraires multiples laissant place à un désordre légitimé,  qui laisse apparaitre un désordre en accord avec les postures individuelles. 

Mon travail préparatif actuel orienté sur le désordre,  un terme dont la définition va de l’absence d’ordre à l’absence de morale et en passant par le manque de cohérence et l’absence de discipline,  se porte sur les postures singulières héritées de la confusion,  de la complication et de la déstructuration. 

Ce travail est essentiellement articulé sur l’observation de simples moments où la banalité de certains désordres devient un moment à sublimer. Comme l’impertinence d’une absurdité qui se dissimule dans la gestuelle d’un quotidien et où le cheminement prend une place pertinente dans le déroulement.

La première partie de ce travail est en cours d’étude et sera régulièrement présenté ici avec les phases qui le composent. Les ébauches,  les croquis et les esquisses de cette évolution ainsi que les oeuvres terminées seront partagés en avant-première avec personnes qui me suivent,  alors inscrivez vous sans attendre sur ma liste de contacts privés.

Alain Rouschmeyer

Alain Rouschmeyer est surtout connu pour ses peintures acryliques sur toile moyen format et ses dessins contemporains à l’encre. Observateur du quotidien, il analyse la balade humaine à travers les postures et les espaces traversés, comme pour sonder le banal et en capturer le parfum. Son itinéraire artistique l’invite à travailler l’architecture dans laquelle il aime porter la réflexion sur les espaces de vie et les transversalités qui en définissent les usages. Comme un poète analyste, le travail d’Alain Rouschmeyer navigue entre réalité et intimité laissant apparaitre l’attachement et le détachement au gré d’une volonté consciente. Il explore la dimension cachée d’un quotidien qui ne cesse de nous interpeller comme une musique de jazz ou un blues chaleureux. Le romantisme dont il assume intégralement la traduction contemporaine et intemporelle habite le support comme un espace impliqué.

https://www.alainrouschmeyer.art
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